Depuis le mois de mai 2012, les travailleurs sans emploi de l’ASBL CEPRé sont sur la brèche pour défendre un droit aux allocations de chômage qui protégerait encore de la précarité et de la pauvreté, ce qui n’est malheureusement plus le cas actuellement. Ils revendiquent aussi la création d’emplois de qualité par les pouvoirs publics ainsi que la réduction du temps de travail avec embauches compensatoires, sans perte de salaire et sans augmentation de la flexibilité. Dans les nombreuses actions qu’ils organisent et auxquelles ils participent (plate-forme marche des migrants, ciné-club social,…) ils ont pris conscience qu’un combat commun de tous les « sans voix » était nécessaire pour imposer les revendications.
Lors de la Marche des migrants de La Louvière des 19 et 20 avril, ils ont rencontré des travailleurs sans-papiers en lutte et en marche pour obtenir les mêmes choses, c’est-à-dire des droits sociaux et un travail de qualité. Même si les réalités sociales ne sont pas tout à fait les mêmes, ces deux revendications, nous pouvons les partager et les défendre ensemble pour les imposer aux pouvoirs économiques, financiers et politiques qui nous oppriment.
Les travailleurs sans emploi de l'asbl CEPRé ont donc inviter des représentants de la marche de solidarité avec ET sans papiers à leur assemblée du 30 avril 2013 pour continuer la discussion et déterminer. Compte-rendu...
Suites de la
discussion du 19 avril
Discussions
sur, concrètement, c’est quoi de vivre sans emploi et/ou de vivre sans papier
au jour le jour pour casser les clichés qu’on pourrait avoir entre nous et faire
ressortir les points communs ou qui se rapprochent comme par exemple, de ce
qu’il ressort pour le moment des discussions des 19 avril et du 30 avril :
- Les personnes
sans papiers n’ont aucun droit, sauf théoriquement celui à l’aide médicale
urgente mais qui est lui aussi attaqué. Pour survivre, comme ils n’ont pas
le droit de travailler (il faut répondre à des critères stricts pour pouvoir
obtenir un permis de travail), ils sont obligés de voler pour pouvoir manger,
de dormir dans la rue, chez des amis ou en payant au prix fort un
« marchand de sommeil » ou de travailler au noir dans n’importe
quelles conditions et même s’ils sont vieux ou malades. La pauvreté et la peur
font partie du quotidien.
- Les personnes
sans emploi ont droit à un revenu de remplacement mais qui est de plus en plus
raboté et soumis à des conditions dont le respect est contrôlé régulièrement.
Les allocations diminuent et ne permettent pas de survivre alors que le coût de
la vie continue à augmenter. Les exclusions du chômage se multiplient aussi, en
n’entrainant pas automatiquement l’accès au revenu d’intégration sociale du
CPAS. Les personnes exclues se retrouvent donc sans aucun revenu, au moins
temporairement. Le travail au noir est bien souvent, là aussi et de plus en
plus, la seule possibilité de survivre.
Travailleurs
sans emploi et sans papiers ne parviennent pas à trouver du travail dans de
bonnes conditions et avec un bon contrat. Les dangers du travail au noir,
souvent la seule issue, sont grands pour tout le monde, tant au niveau des
conditions de travail (sécurité, salaire, temps de travail, …) qu’en cas de
contrôle qui peut aboutir à une expulsion pour un travailleur sans papiers ou
une suspension des allocations avec obligation de remboursement des montants
déjà perçus pour un travailleur sans emploi. Les droits sociaux leur sont
inaccessibles ou de plus en plus difficilement atteignables. Les clichés leur
collent à la peau (coûtent cher à la société, profitent du CPAS, ne veulent pas
travailler, …). Travailleurs sans emploi et sans papiers sont ainsi les
boucs-émissaire d’une précarité qui se généralise à l’ensemble des travailleurs
dans un système qui fonctionne sur la division et la mise en concurrence
(actifs>< non actifs ; belges >< étrangers ; hommes
>< femmes ; jeunes >< vieux ; ...).
Résumé des pistes
dégagées
1.
Essayer de créer des groupes de « sans » pour renforcer mutuellement
nos combats en travaillant sur les points communs :
- en contactant les
travailleurs sans emploi de Bruxelles
- en contactant les
demandeurs d’asile du centre ouvert de Morlanwelz et les personnes sans papiers
connues par le biais d'asbl et proposer une réunion commune avec des traductions
- en élargissant
aux allocataires du CPAS via le collectif de défense des allocataires sociaux (DAS) > réunion prévue entre le DAS de Liège et les TSE de l’asbl CEPRé le
14 mai en matinée à La Louvière
2.
Mener des actions ensemble :
- Sur le logement
(difficultés de payer son loyer, marchands de sommeil, expulsion des logements
sociaux dans la région du Centre pour non-paiement de loyer ou suite à un refus de demande d’asile, …) :
participer ensemble à l’action de Bruxelles le 25 mai (cf infra), visiter le
« 123 » à Bruxelles sur les occupations de logement, organiser une
action médiatique sur les expulsions de logements dans la région du Centre, …
- Sur l’emploi (à
réfléchir)
3.
Développer des revendications communes et les faire connaitre dans nos
combats respectifs (par exemple en approfondissant sur cette base le cahier de
revendications du groupe TSE de l’asbl CEPRé):
- Un accès pour
toutes et tous aux droits sociaux, ce qui implique la régularisation de tous
les sans papiers et une répartition des richesses en Belgique (pour financer
les services publics et les divers secteurs de l’aide sociale) mais aussi à
travers le monde (pour s’attaquer à la misère et aux guerres dans les pays
pauvres auxquelles contribuent les gouvernements et multinationales des pays
riches et qui poussent les habitants à
émigrer en risquant leur vie)
- Un travail de
qualité pour tous et toutes, ce qui implique de créer des emplois socialement
utiles et dans de bonnes conditions (emplois publics, coopératives autogérées,
….)
- Stopper la
pression et les restrictions des droits des « sans emplois » et les
« sans papiers » victimes des mêmes clichés (feignants, profiteurs,
…) dans un système qui fonctionne sur la mise en concurrence entre travailleurs
Agenda des prochaines
rencontres
- Assemblée des TSE
de l’asbl CEPRé le 7 mai, 9h30, au 23, rue H. Aubry, Haine St Paul sur: retour
sur la discussion avec les sans-papiers et évaluation de la Marche des
migrants, préparation de la rencontre avec le Groupe de défense des
allocataires sociaux sur les CPAS, préparation de la prochaine action sur la
défense du droit aux allocations de chômage et l’emploi.
- Réunion de
bilan-perspectives de la marche des migrants de la région du Centre :
mercredi 8 mai, 18h, rue H. Aubry,
Haine St Paul
- Marathon du
logement, samedi 25 mai, 14h, place
Rouppe, Bruxelles
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