mercredi 19 juin 2013

La journée mondiale des réfugiés. On en parle aussi dans la région du Centre

Le 20 juin, c'est la journée mondiale des réfugiés. La campagne de sensibilisation dans les gares coordonnée par le Ciré (www.refugeeday.be) se déclinera aussi à La Louvière le matin et, l’après-midi, le centre Fedasil de Morlanwelz nous ouvre ses portes. Venez nous rejoindre! 

Jeudi 20 juin, à 6h du matin, à la gare de La Louvière sud, pour distribuer du matériel d’information aux navetteurs. Retrouvez notre tract en téléchargement ici
Jeudi 20 juin, de 13h à 15h, au centre ouvert Fedasil de Morlanwelz (chaussée de mariemont, 92), pour visiter le centre ouvert de notre région en compagnie de membres de l’équipe qui nous feront visiter les locaux et nous présenteront le fonctionnement du centre. De quoi mieux se rendre compte du quotidien et des conditions d’accueil des demandeurs d’asile en Belgique.  Inscriptions souhaitées au 064/23.72.90 ou à asblcepre@gmail.com. Bienvenue à tou-te-s !

Le droit d'asile? On en est où en Belgique? Quelques infos ci-dessous.... 


En théorie, le statut de réfugié est octroyé aux personnes qui demandent protection à un pays tiers en parvenant à démontrer une crainte fondée de persécutions basées sur la race, la nationalité, la religion, le groupe social ou les opinions politiques qui les obligent à quitter leur pays d’origine. Ces personnes revendiquent ainsi leur droit à l’asile, garanti par la convention de Genève. Mais ce droit est de plus en plus attaqué. En octobre dernier, la Belgique a encore été condamné (pour la 9e fois !) par la Cour européenne des droits de l'Homme en matière d'asile et d'expulsion d'étrangers suite au refus de la demande d’asile d’une famille afghane au prétexte que la nationalité afghane de la famille n'était pas prouvée.



En 2012, seulement 22,4% des demandeurs d’asile ont reçu une réponse positive (statut de réfugié ou protection subsidiaire), contre 23,5% en 2011. Seule une minorité des étrangers qui obtiennent un droit de séjour en Belgique le reçoivent via une demande d’asile (environ 5% des réponses positives), loin derrière les obtention de permis de séjour par regroupement familial, études ou travail. 



Début 2012, l’accord du gouvernement Di Rupo a adopté des mesures qui restreignent encore l’effectivité du droit d’asile en Belgique. La principale concerne la réduction de la durée de la procédure. Avant, celle-ci pouvait durer treize mois en moyenne. Elle est désormais clôturée en six mois. A priori, une telle réforme semble positive pour éviter aux demandeurs d’asile de devoir rester trop longtemps dans l’incertitude en attente d’une décision. Mais tout indique au contraire que le but est d’accélérer les refus et de faire des économies au mépris des droits des étrangers. Souvent, les nouveaux délais ne laissent pas aux demandeurs d’asile le temps de rassembler les preuves demandées, de s’informer de leurs droits, ou de s’installer d’une manière ou d’une autre dans le pays. Cette mesure permet aussi d’économiser les frais de prise en charge de l’aide matérielle à travers le réseau d’accueil (60 centres Fedasil ou croix rouge et logements individuels via les CPAS) que l’Etat doit supporter le temps de la procédure des demandeurs d’asile. 

L’accord de gouvernement Di Rupo a également intégré une revendication portée par la droite depuis longtemps: l’établissement d’une liste de « pays sûrs », où les Droits de l’Homme sont prétendument respectés. Cette liste vient d’être reconduite le 15 mai dernier et concerne l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, la Macédoine, l’Inde, le Kosovo, le Monténégro et la Serbie. Outre un traitement express de la demande d’asile (15 jours), les personnes originaires de ces pays subissent un alourdissement de la charge de la preuve de la persécution ou du traitement inhumain et dégradant, ainsi qu’un droit de recours contre un éventuel refus réduit et dépourvu d’effet suspensif. De plus, contrairement aux personnes originaire des autres pays, ces demandeurs d’asile n’ont plus droit à l’aide matérielle à partir du moment où l’administration décide de ne pas prendre en considération leur dossier. 

Les ressortissants de ces pays « sûrs » pourraient donc se voir automatiquement déboutés sur la simple base de leur pays d’origine, ce qui contrevient ouvertement à un principe fondamental du droit d’asile: l’écoute individuelle. Pourtant, il existe des personnes qui subissent des persécutions systématiques dans ces pays dits « sûrs », et particulièrement celles issues de minorités ethniques, entre autres les Roms. Preuve en est que, depuis l’adoption de la liste de pays sûrs, 83 demandes d’asile d’Albanais et 20 de Kosovars ont malgré tout obtenu une réponse positive, au contraire de centaines d’autres rejetées injustement. Ce qui était un droit devient ainsi une chance pour les personnes originaires de ces pays. 

Enfin, de plus en plus, les migrants, même s’ils demandent l’asile ou qu’ils envisagent de le demander pour faire valoir leurs droits, sont fortement encouragés à opter pour le « retour volontaire » dans leur pays. Ce programme est aujourd'hui essentiellement utilisé par des demandeurs d'asile en cours de procédure ou déboutés de leur demande. En 2012, ils représentent 61% des retours, contre 50% en 2011. Et, comme si cela ne suffisait pas, la Belgique mène un travail de dissuasion dans le pays d’origine, particulièrement dans les Balkans (pays pour lesquels l'obligation de visa a été supprimée), pour décourager le plus possible les étrangers d’introduire une demande d’asile en Belgique. En octobre dernier, la Secrétaire d'État à l'asile et la migration, Maggie De Block, s'est encore rendue en Serbie afin d'expliquer aux minorités roms et albanaises que leur chance d'obtenir l'asile en Belgique est quasi nulle. Les pays concernés par ces visites dissuasives subissent aussi des pressions politiques et des menaces de sanctions s'ils ne prennent pas de mesures pour limiter cet "afflux massif" de demandeurs d'asile. 

A travers la dissuasion, la liste de pays sûrs et l’accélération des procédures, cette politique restrictive porte ses fruits. Alors que les persécutions n’ont pas baissé à travers le monde, entre 2011 et 2012, on note une diminution de 15% des dossiers d'asile en Belgique (diminution de 24% au cours des cinq premiers mois de 2013 par rapport à la même période en 2012). L’aspect visible de cette politique est que le réseau d’accueil, débordé fin 2011, est aujourd’hui occupé à 82%. Dans un contexte d’austérité budgétaire, c’est sur cette base que le gouvernement justifie sa toute récente décision de fermer le centre d’accueil de Stoumont, avec 40 pertes d’emploi à la clé. L’aspect moins visible concerne quant à lui toutes ces vies desquelles la Belgique se lave les mains.

Sources : Fedasil et Ciré.

Plus de 500 tracts distribués à la gare de La Louvière sud




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